pédagogie inversé

Développer l’usage de la pédagogie inversée

Apparu au début des années 2000, portée par Sal Khan[1] aux Etats Unis, la pédagogie inversée renverse les codes. Le formateur n’est plus celui qui sait, mais celui qui va offrir à ses apprenants l’opportunité de s’engager autrement dans leurs apprentissages, en dehors de la classe pour mieux réinvestir le temps de classe.

En Europe, Marcel Lebrun est un des pédagogues qui a contribué au développement de la classe inversée et de la pédagogie qui l’accompagne. Bien que cette approche ne soit pas récente (apprendre et expérimenter datent !) et malgré l’absence de référence théorique, un des atouts de la pédagogie inversée est de redonner du sens à la présence des apprenants et des formateurs dans « l’espace formation », c’est-à-dire de penser « la salle » autrement qu’un lieu de diffusion de savoirs. D’ailleurs, la vidéo de Khan est intéressante sur ce point : elle illustre comment les enseignants ont utilisé le principe de la pédagogie inversée.

Le principe de base de la pédagogie inversée est présenté dans le dessin suivant :

pédagogie inversé
classe traditionnelle et classe inversé

[1] Voir la conférence Ted de 2011 détaillant le concept de pédagogie inversée et l’usage en classe et hors la classe. https://www.ted.com/talks/salman_khan_let_s_use_video_to_reinvent_education?utm_campaign=tedspread&utm_medium=referral&utm_source=tedcomshare  (Vérifié 09/2019)

Source : https://www.classeinversee.com/ (Vérifié en 8/19)

Vous le remarquerez, nous sommes loin du simple adage « devoirs à la maison, exercice en salle » puisque sa mise en place suppose :

  • Des ressources pédagogiques construites, visuelles et interactives (un impératif pour les vidéos) à proposer aux apprenants en dehors de « la classe ». Attention, pour faciliter l’apprentissage et tenir compte des apports des neurosciences, il est impératif de fournir des ressources pédagogiques variées qui solliciteront des sens différents et activeront plusieurs zones du cerveau.
  • En salle, des activités pédagogiques construites, individuelles ou de groupe (en coopération ou collaboration) supervisées par le formateur-tuteur (voir plus loin les différentes fonctions du tuteur).
  • Des projets d’application pour faciliter l’activation des apprenants.
  • Des feedbacks réguliers de la part du formateur et des apprenants (métacognition).
  • Un système de reconnaissance et d’encouragement.

Les classes inversées peuvent avoir des formes variées en fonction des univers d’apprentissage et des intervenants. Marcel Lebrun a identifié trois types de pédagogie inversée, présentés ci-dessous et repris « tels quels » du guide pratique qu’il a co-écrit téléchargeable à cette adresse : https://cdn.uclouvain.be/groups/cms-editors-lll/carnets/Classes_Inversees.pdf


La classe renversée, le 4ème type de pédagogie inversée ?

Jean Charles Cailliez est co-fondateur et Directeur d’HEMiSF4iRE, Design School et vice-président « Innovation » de l’Université Catholique de Lille. Il a publié de nombreuses vidéos[1] sur la pédagogie inversée et des témoignages d’applications sur son blog : http://blog.educpros.fr/jean-charles-cailliez/.

Dans une de ses vidéos il explique le concept de classe renversée. Il incite ses étudiants à créer un start up virtuelle devant produire des connaissances. Les étudiants sont organisés en équipe (en associant profils et niveaux différents pour favoriser les échanges, la coopération et l’entraide). Le travail se déroule en 3 temps :

Temps 1 : L’exploration

Chaque équipe doit rechercher des informations et se les approprier en tenant compte des consignes données par l’enseignant. Ce temps peut être organisé en classe ou en dehors de la classe.

Temps 2 : La restitution

pédagogie inversé

En classe, sur le principe du tableau tournant, chaque équipe va restituer sur un tableau, pendant 3 minutes, ce qu’elle a compris.

A l’issue de ce temps, chaque équipe va continuer le travail d’une autre équipe (elles permutent entre elles) et cela pendant 3 rotations (ça rappelle la technique du Pomodoro mais en moins de temps).

Au bout de 3 rotations, les équipes collaborent ensembles et co-élaborent le cours pour avoir autant de proposition de réponse que de tableaux.

Le formateur intervient au bout de 12 à 14 minutes pour
compléter les tableaux et corriger les éventuelles erreurs.

Temps 3 : L’enseignement par les apprenants

pédagogie inversé

Pour « ancrer les apprentissages », les apprenants changent de posture et ont la mission de former leur formateur. Ils font cours, expliquent, illustrent et évaluent leur apprenant.

A charge pour eux de concevoir l’évaluation et de la corriger. Face aux eux, le formateur répond en tenant compte des apports réalisés par les apprenants « formateurs ».

L’innovation repose sur l’organisation pédagogique et non sur l’utilisation d’outil numérique, même si toutes les productions des apprenants sont postées sur un blog.

Cette articulation pousse les apprenants à aller plus loin dans l’acquisition des connaissances et à se confronter à leur compréhension. Un modèle à détourner pour donner une nouvelle dynamique à l’apprentissage, dans des formations initiales ou de « remise à niveau », en organisme de formation comme en entreprise.


[1]  https://www.youtube.com/embed/ni7DeV3iOQk?rel=0&showinfo=0&fs=1&wmode=transparent&enablejsapi=1&start=98&end=347